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𝗜l va falloir reparler de la masse salariale en 2024...

Dernière mise à jour : 29 mars

La fin du "quoi qu'il en coûte", la pénurie de main d'œuvre et l'inflation n'ont pas fini de stresser les équilibres salariaux.


Quelle sera l'attitude des entreprises pour l'année 2024 alors que la croissance se fait attendre…? 💭


Les 3 "stress" de la masse salariale


Les années 2020 et 2021 ont marqué le 1er "stress" enregistré dans la gestion des masses salariales.

Le « quoi qu’il en coûte » a eu pour effet de geler les plans d’économies et de performance qui avaient été engagés précédemment par les entreprises, et les multiples aides et prêts publics ont financé une stratégie économique dominée par le social parfois en décalage avec la réalité du marché.


Le second "stress" a pris la forme d’un marché de l’emploi devenu subitement pénurique.

Le rattrapage de croissance des années 2020 et 2021 a été accompagné d’un appel d’air sur l’emploi. Celui-ci a eu pour effet d’inverser le rapport de force en faveur des salariés avec une accélération du turnover et une hausse sensible du salaire notamment des salaires des catégories les plus qualifiées.


Le 3ème "stress" est, sans conteste, la phase inflationniste qui s’est ouverte en 2022 et qui a provoqué une hausse sensible des pieds de grilles salariaux.

Il n’est pas douteux que ce phénomène ne s’accompagne, a minima, par un effet de hausse sur les autres niveaux salariaux ne serait-ce que pour éviter les effets d’ensmicage.


Des NAO 2024 sous tension

Les NAO 2024 vont s’ouvrir alors que les entreprises n’ont pas, au cours des 3 dernières années, corrigé les éventuels déséquilibres.

Au contraire, les entreprises sont à peine en train de prendre conscience des effets réels des stress subis depuis 2020.


La distorsion entre inflation et croissance :


  • Le taux d’inflation de 2023 devrait atterrir à 5,8% alors que celui de 2024 est projeté à 3%.

  • La croissance de 2023 devrait tangenter les 1,8% et les perspectives 2024 dépassent à peine 1%.



Voilà le décor de futures négociations qui s’annoncent pour le moins tendues avec des Organisations Syndicales qui valorisent leur dû autour des 9 à 10% alors que les entreprises tablent sur 3% de croissance et un déséquilibre salarial à résorber.


La mesure des impacts de l’évolution de la masse salariale sur l’équilibre des entreprises

La masse salariale représente en moyenne, tous secteurs confondus, de 8% à 25% de chiffre d’affaires, et entre 35% et 53% de la valeur ajoutée des entreprises selon le secteur.

Dis autrement, toute hausse de 1% de masse salariale non compensée par une croissance de marge entraîne une baisse de 0,35 à 0,5 point de Valeur Ajoutée. 

Alors à quoi faut-il s’attendre pour les 18 à 24 prochains mois ?


L’exigence de la compétitivité est de retour

Les entreprises ne peuvent se permettre de laisser derrière elles 10 à 15% de leur Excédent Brut d’Exploitation et il faut s’attendre à 3 types de corrections :


  1. Les plans de performance redeviennent d’actualité. Il ne s’agit ici pas de plans massifs et collectifs mais de mesures individualisées qui placent les collaborateurs jugés comme insuffisants face à leur nécessité de gagner en efficacité et en productivité. 

  2. Les rémunérations variables vont retrouver la cote. Aux hausses du salaire fixe vont être préférées les augmentations variables individuelles et collectives qui offrent l’avantage « d’indexer » les hausses salariales aux leviers de valeur ajoutée. Cette réalité devrait se vérifier sur bon nombre de catégories de salariés et au 1er rang desquelles celle des commerciaux. Ce retour en grâce de la rémunération variable ne sera pas idéologique, il sera utilisé comme le véhicule d’individualisation des salaires et accélérateur ciblé des rémunérations. 

  3. Faut-il craindre un retour des plans sociaux ? Les effectifs ont souvent été un levier d’ajustement des Masses Salariales aux réalités conjoncturelles de l’Entreprise. Bien que le recours à ce type de procédures soit long, socialement et économiquement onéreux, il faut s’attendre à une augmentation du nombre de plans pour les prochains mois .Les corrections dans les effectifs seront d’autant plus sensibles que l’écart d’évolution entre valeur ajoutée et Masse salariale aura été important.Il ne s’agira pas forcément de restructurations lourdes justifiées par des évolutions structurelles du marché.Il s’agira plus surement de plans de compétitivité qui concerneront des unités ciblées de l’entreprise pour lesquelles il s’agit de retrouver des ratios d’efficacité concurrentiels.



Alors même que l’inflation va jouer le rôle d’accélérateur de tension sociale, les entreprises vont devoir reconstituer des points de marge pour financer les investissements qui permettront de se confronter à une conjoncture sans croissance.

Le pilotage et l’anticipation de l’évolution salariale deviennent alors stratégiques.


Article rédigé par Elisabeth Morin, Associée chez AMPW & Associés.

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